La TMI prend ce qui s'exprime dans la relation aux autres, tandis que la psychogénéalogie s'intéresse aux faits historiques..

Psychogénéalogie, biogénéalogie et mémoire implicite

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Cet article est une interview avec Julien Frère, auteur de la méthode de la Thérapie de la Mémoire Implicite (TMI). Il répond à des questions sur le lien éventuel entre la TMI et l'approche psychogénéalogique. Ils discutent de l'approche de la TMI, qui se concentre sur les comportements et les relations actuelles plutôt que sur les faits historiques, et comment elle peut aider les patients à identifier les conditionnements émotionnels transgénérationnels et à les surmonter.

 

Le terme "mémoire" laisse entendre qu'il y aurait une parenté entre la psychogénéalogie et la thérapie de la mémoire implicite, mais est-ce vraiment le cas ?

Afin d'en savoir plus, nous avons demandé à Julien FRÈRE, auteur de la méthode, de répondre à nos questions. Alors, la TMI, une approche transgénérationnelle ?

Quand on lit votre site Internet à propos de la mémoire implicite, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec certaines approches transgénérationnelles. Ma question est la suivante, y a-t-il une relation, un lien entre l’approche psychogénéalogique et la mémoire implicite ?

À cette question, je répondrais oui et non. Si relation il y a c’est dans le concept, l’idée directrice qui consiste à faire un lien entre ce qui se passe chez l’individu dans le présent et ce qui a eu lieu dans le passé familial. Par contre, l’approche est totalement différente. Alors qu’en psychogénéalogie, nous allons nous intéresser aux faits historiques, en TMI, nous allons prendre ce que nous avons sous la main, à savoir ce qui s’exprime dans la relation aux autres.

Donc pour vous, pas besoin d’aller rechercher des faits historiques ? Si vous le permettez, cela m’intrigue, j’ai envie de vous tester ! Si je vous dis que j’ai tendance à me mettre souvent en colère, vous allez pouvoir définir mon histoire familiale ?!

Si vous le permettez aussi, je vais vous demander un complément d’information. Quand vous dites vous mettre souvent en colère, est-ce que vous avez la sensation d’exploser de manière disproportionnée par rapport à ce qui se passe autour de vous à ce moment-là ?

Oui tout à fait. Souvent j’explose alors que la personne en face de moi n’a rien fait de si grave.

Un peu comme la goutte d’eau ferait déborder le vase ?

Oui, c’est ça.

Je ferais l’hypothèse suivante. Dans votre histoire, je pense que vous n’avez pas appris à vous positionner. Vous avez sans doute pris l’habitude de fonctionner pour l’autre, voire à travers l’autre. Ce qui peut donner une tendance à être gentil, parfois trop gentil. Lorsque quelque chose vous dérange dans l’attitude de l’autre, vous ne dites rien la plupart du temps, vous prenez sur vous. Vous n’êtes pas à l’aise avec le conflit, voire vous le fuyez. Probablement que dans votre histoire familiale, il y a eu à un moment donné un interdit d’agressivité, que ce soit par la violence physique ou morale, par exemple la tyrannie ou l’amour fusionnel. Est-ce le cas ?

Effectivement, c’est tout à fait moi. Mon grand-père était cette personne que vous décrivez, il était très dur avec mon père.

Alors il y a une transmission transgénérationnelle des problèmes ? Comment ça fonctionne ?

Oui certainement, cette transmission existe. Pour moi, le transgénérationnel n’est pas forcément génétique ou mystérieux, ce qui se transmet se transmet d’une manière très simple, par le biais des conditionnements émotionnels au moyen du circuit mémoriel implicite. En fait, ce que vous recevez de vos parents sous forme de compétences émotionnelles, vous allez en être imprégnés et vous allez également le transmettre à vos enfants, d’une manière totalement automatique et inconsciente.

Dans notre exemple, l’adaptation émotionnelle de votre père à la tyrannie de votre grand-père vous a été transmise sous forme de « solution », c’est-à-dire d’éviter le conflit.

La problématique d’une personne cherchant à éviter le conflit nous est familière en TMI, il s’agit d’un conditionnement émotionnel pouvant se manifester par une difficulté à se positionner, une attitude passive face aux problèmes, le fait d’être trop centré sur l’autre, de trop faire en fonction de l’autre au point de s’oublier, un manque de confiance en soi et bien d’autres choses comme celles évoquées dans votre exemple.

La question qui me vient spontanément est évidemment, comment peut-on s’en libérer ? Qu’est-ce que vous proposez ?

Tout d’abord en laissant votre grand-père et votre père là où ils sont, et en vous remettant en question. Je remarque parfois que de trouver des causes transgénérationnelles à ses problèmes, même si elles sont réelles, est souvent déresponsabilisant, par exemple en favorisant une forme de victimisation.

Ensuite, il s’agit d’explorer votre réponse stéréotypée face au conflit et de la changer, progressivement, à votre rythme. Cela peut faire ressurgir des souvenirs liés à la violence que vous avez vécue enfant, mais cela se traverse et peut être très libérateur. Concrètement, la TMI peut vous proposer d’initier quelques échanges préconflictuels en séance, ce qui ne manquera pas de faire ressortir tout ce dont vous avez besoin de votre mémoire implicite. C’est une façon d’apprendre à mieux se connaître, un chemin vers la reconnaissance de soi, de qui l’on est, de son identité.

Julien Frère

Julien Frère

Entrepreneur suisse dans le domaine de la santé, passionné de psychologie, de développement personnel et de technologie. Je suis ici pour partager mon expérience et vous aider à développer votre autonomie mentale et professionnelle.